Edito Mars 2020
Le CAR « AIME »
Nous pensons, parfois, que le temps de Carême est un temps triste, mélancolique. Or Jésus affirme le contraire lorsqu’Il nous dit : « Quand tu jeûnes, ne prends pas un air abattu. Parfume-toi la tête. » Le Carême est, en effet, un temps de joie, de confiance, d’espérance, de renouvellement, un temps pour mieux suivre Jésus. Le jeûne, le partage et la prière sont notre bâton de marche et notre boussole pour nous mettre sur les pas du Ressuscité. Ils sont, en somme, des chemins qui nous sont indiqués pour mieux aimer. Tout au long du Carême, nous allons peu à peu ranimer la flamme de notre foi pour qu’elle jaillisse en un grand feu de joie dans la nuit pascale. Le chemin que Jésus a pris avant nous et qu’Il nous indique, c’est le chemin de la charité et de l’humilité pour que nous devenions d’humbles serviteurs de nos frères, à travers le jeûne, le partage et la prière.
D’abord, à propos de jeûne, comment jeûner ? De quoi pourrions-nous jeûner ? De beaucoup de choses ! Nous pouvons jeûner des paroles médisantes et accusatrices qui déstabilisent les personnes, les paralysent et les empêchent de donner le meilleur d’elles-mêmes, et faire provision de paroles constructives, bienveillantes, indulgentes, encourageantes, accompagnées de sourires confiants, choisir les mots qui font du bien. Nous pouvons jeûner aussi de notre étroitesse, de nos réticences à aimer, de notre peur de nous ouvrir aux autres. Nous pouvons jeûner encore d’une habitude, d’une addiction, d’une mauvaise fréquentation etc. Car nous vivons au milieu de sollicitations multiples qui peuvent étouffer en nous la voix de l’essentiel. Nous pouvons jeûner encore de nous plaindre, d’avoir une posture accusatrice lorsque les évènements nous surprennent et désorganisent nos prévisions. Et, comme le dit le prophète Isaïe, le jeûne qui plait à Dieu comporte le partage du pain, l’hospitalité, l’aide aux plus pauvres. C’est prendre le temps d’être présent à quelqu’un. Le jeûne libère en nous un espace d’où peuvent déborder l’attention aux autres, la générosité du don, mais aussi l’abondance du pardon. Aussi, le Carême est le temps favorable pour reposer ce qui nous encombre, nous alourdit et nous empêche d’avoir le cœur libre, attentif, humble et doux. Le fruit du jeûne authentique, c’est la paix, la bienveillance, l’humilité.
Et pour le partage, comment partager ? Que pourrions-nous partager ? Le Carême nous invite à dilater l’étroitesse de notre cœur à la mesure de la générosité dont Dieu fait preuve à notre égard : un don sans restriction et avec le sourire. Même un simple bonjour, pratiqué de cette manière, peut éclairer la journée du prochain, et la nôtre ! Nous pouvons partager, ainsi, un sourire, un bonjour, un petit geste, un don.
Quant à la prière, la petite Thérèse disait : « Pour moi, la prière est un élan du cœur, un simple regard jeté vers le ciel, un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. »
En définitive, c’est l’amour qui est à la base du jeûne, du partage et de la prière. En raison de son amour, Dieu nous lave tout entiers de nos fautes et nous invite à vivre intimement avec Lui, qui est ce Père fou d’amour pour ses enfants. Et Jésus connaît le cœur de chacun, ses doutes, ses peurs, ses mesquineries, ses trahisons. Il connaît tout et ne rejette personne. Il nous aime tous, et jusqu’au bout. Jésus nous aime d’un amour inconditionnel, tels que nous sommes. Et cet amour transforme nos vies en profondeur. La paix qui, dès lors, habite l’âme, la douceur qui envahit l’être tout entier, est préférable à toutes les rancœurs, jalousies, envies, méfiances et autres sentiments troubles qui envahissent nos vies et les enferment dans une sorte de prison aux murs sombres, au lieu de les ouvrir sur le vaste horizon qui mène au cœur de l’autre. Nous pouvons goûter le bonheur d’être aimés au cœur même de notre faiblesse.
En ce qui nous concerne, Dieu veut que nous mettions l’amour en pratique dans toutes les occasions qui se présentent. Le plus grand don que Dieu nous fait, c’est un prochain à aimer. Ainsi, le Carême nous invite à émailler notre quotidien de petits gestes d’amour. Ces gestes réjouissent Dieu notre Père et font naître en nous la joie. Par de petits gestes de charité, nous pouvons manifester la tendresse de Dieu pour ses enfants. L’amour authentique prend soin de l’autre très concrètement. Et le sourire est la signature de l’amour vrai.
Tout cela revient, en somme, à recevoir et à donner l’amour dans toute notre vie depuis le commencement et jusqu’à la fin.
C’est la raison pour laquelle Jésus nous invite à prendre le car « AIME »
Bonne route vers Pâques à tous !
P. Clément